Journal de bord #10 : Le sport et la nourriture – mise en place des routines.

Je n’éprouve plus le besoin d’aller sur les réseaux sociaux et je me sens beaucoup plus détendu. Je ne suis plus stressé par les notifications incessantes de WhatsApp. Je pense que je peux embrayer et rajouter quelques habitudes dans mes routines quotidiennes. Depuis février dernier, j’ai un abonnement à la salle de sport de mon village. J’y vais, mais de manière un peu diluée. Pourtant, je dois perdre du poids. Je l’ai dit : je dois descendre sous les 90 kilos, et donc en perdre une dizaine. Il faut maintenant progressivement mettre les choses en place pour que l’objectif soit atteint. Première étape, reprendre des routines sportives plus régulières et affermir un régime alimentaire sur lequel je suis un peu souple depuis quelque temps.

L’idée est simple : je dois être en déficit calorique. Il ne sera pas question de gagner de la force ou de faire de l’hypertrophie musculaire, mais de dépenser le plus d’énergie possible pour perdre du poids. J’ai deux leviers d’actions sur l’apport calorique : le contrôle de ce qui entre en moi et le contrôle de ce que je dépense. Ainsi, je me suis fait un programme de sport calqué sur le planning des gardes des enfants qui se déploie sur un cycle de deux semaines. En gros, les matins sans enfants ici, je vais à la salle de 6 h à 8 h. Les jours où les enfants sont là, je fais une demi-heure de routine de cardio HIIT à la kettlebell chez moi. Si j’ajoute à cela les promenades avec ma chienne, je pense que c’est assez de mouvement.

Pour ce qui est de l’alimentation, rien de bien fou. La première étape est de me régler comme une pendule pour les heures de repas. Je l’ai fait. Mais ces deux derniers jours, j’ai craqué sur les grignotages. Je n’ai pas su gérer le stress au travail et j’ai cédé aux flûtes au beurre. Il va falloir être plus discipliné. Objectif, deux repas par jour : début entre 12h et 12 h 40 pour le premier et entre 18h et 18 h 40 pour le second. Le matin au réveil, un fruit et un café. Ajoutons à cela, pas d’alcool en semaine et je continue sans sucre à l’exception du brunch bimensuel. Pour les étapes suivantes, je mettrai cela en place lorsque j’aurai accompli deux cycles complets (quatre semaines) sans faire d’écart.

Les cycles

J’ai toujours eu une peine folle à vivre dans une temporalité linéaire. Je préfère largement adopter une temporalité cyclique. J’ai le sentiment qu’envisager le temps sous cette forme m’aidera à ancrer mes habitudes. Cycles quotidiens, hebdomadaires. bimensuels, mensuels. La cyclicité met en avant l’idée que les évènements et les phénomènes se répètent, permettant ainsi des opportunités de renouvellement et de régénération. Cela peut offrir des perspectives plus optimistes et résilientes face aux défis, en soulignant que les périodes difficiles sont suivies de renouveaux. Ces cycles sont omniprésents dans la nature (saisons, lunaires). Adopter cette vision permet aussi de mieux s’aligner avec un rythme de vie plus sain. Basiquement, ma grand-mère nous expliquait que jeune, elle s’endormait avec la nuit et se réveillait avec le jour, que les rythmes quotidiens étaient calqués sur ce cycle. Cela m’apporte un sentiment d’équilibre et de stabilité, ainsi qu’une plus grande souplesse face au changement.

Dans son livre « Cosmos », Michel Onfray insiste sur cette notion de cycles. Il rejette les idées transcendantales et se concentre sur ce qui est présent dans le monde matériel (le sous-titre de son livre est « une ontologie matérialiste »). La cyclicité s’inscrit dans cette vision-là, en soulignant les cycles naturels et récurrents de la vie et de l’univers. Il soutient que les concepts universels n’existent pas en dehors des objets individuels. Ainsi, des idées comme « la beauté », « la justice » ou « l’humanité » sont dénuées d’existence indépendante, mais qu’elles dépendent d’objets concrets que l’on observe et de l’observateur lui-même. Ce faisant, il rejette l’abstraction des idées pour se concentrer sur le palpable. Sa vision de la cyclicité prend racine ici : il voit l’histoire et la nature comme des processus qui se répètent plutôt que comme une succession d’évènements qui auraient lieu sur la ligne droite du temps. Cette perspective permet de comprendre les répétitions et les régénérations dans la nature et la société.

Cela suggère plusieurs choses pour mon cheminement :

  • La répétition des évènements suggère une meilleure stabilité et l’inscription d’un équilibre qui s’ancre dans la durée des cycles, plus que dans une abstraction linéaire.
  • Plutôt que de voir le progrès comme une ligne droite, les avancées (et les reculs) font partie d’un cycle qui, à force, deviendra naturel. Cela influence considérablement la manière que l’on peut avoir d’envisager les succès et les échecs, en les voyant comme des phases temporaires plutôt que des points définitifs.
  • Cette vision est bien plus en phase avec ce que nous appelons la nature, qui fonctionne de manière cyclique. Cela permet d’opérer un changement de mondiation (comprendre : le rapport au monde). Sans entrer dans des considérations New Age, il me semble bien plus sain pour le corps et l’esprit de prendre en compte les cycles pour tout ce qui a trait au sommeil, à l’alimentation (saisons). De passer d’un état de spectateur-objet passif à celui d’acteur-sujet actif.
  • Adopter une perspective cyclique peut encourager une acceptation du changement et des transitions de vie. Cela m’aide à mieux gérer les périodes de crise ou de transformation personnelle, en les voyant comme des phases naturelles d’un cycle plus large.

Est-ce que cela peut devenir rébarbatif à cause de la répétition ? Je ne pense pas. Déjà parce que chaque cycle s’inscrit dans un cycle plus grand. Les repas quotidiens et l’alimentation s’inscrivent dans le cycle des saisons pour ce qui est de la diversité des aliments. Pour le sport, chaque fin de cycle est l’occasion de modifier les difficultés, et donc les objectifs. Je suis donc plutôt optimiste. La répétition ne m’a jamais paru aussi attrayante. Contrairement à ce que l’on nous aurait appris, la routine a du bon. Cela commence demain soir avec un tour à la salle de sport. La stabilité que m’évoque la cyclicité m’apaise. Je vais un peu creuser cette idée.

Sources et pour aller plus loin :

Michel Onfray, Cosmos – une ontologie matérialiste, Flammarion, 2015.

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