
J’ai retardé la reprise du cycle en salle de sport en raison de symptômes un peu forts depuis la semaine passée. Je me suis entrainé, mais de manière diluée à cause des difficultés respiratoires. Il faut dire qu’à chaque rhume que j’attrape, je traîne les symptômes un bon moment : j’ai encore derrière le nez et dans la gorge le souvenir de mon dernier « état grippal » qui date d’il y a plus de 10 jours. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, j’ai effectué la tant attendue pesée et le verdict est tombé : 96,9 kilos. C’est moins que ce que je pensais, mais c’est beaucoup, surtout pour des chevilles en manque de cartilage. 1,86 m pour 96,9 kg. L’objectif est donc de redescendre en dessous des 90 kilos pour l’instant, et de faire à partir d’aujourd’hui deux cycles complets (quatre semaines) de sport sans déroger avant de changer les habitudes alimentaires de fond en comble. Une fois que j’aurai ancré cette hygiène de mouvement, j’agirai sur le second levier en lien avec mon poids, qu’est l’alimentation. Le mot d’ordre reste toujours le même : un changement à la fois.
Le levé a été rude. Il fut un temps où me lever à 5 h 30 était naturel. J’ai malheureusement perdu cette habitude-là. Car pour me lever si tôt, je me couchais tôt la veille, habitude que j’ai aussi perdue et que je peine à tenir. Alors, je lance un appel à tous mes amis : si je suis en contact avec vous à 21 h passées, dites-moi d’aller me coucher, s’il vous plait. Je suis donc arrivé en salle de sport à 6 h 10. Je m’attendais à être seul, mais deux personnes s’entraînaient déjà. Je dois avouer qu’il est agréable d’y aller tôt et ce pour plusieurs raisons : d’abord, il y a très peu de monde. Ensuite, il n’y a que très rarement de personnes démonstratives tôt le matin. J’entends par démonstratif celles et ceux qui poussent des petits cris et des gémissements quand ils soulèvent les poids (de préférence, très lourds). Pardon à mes amis sportifs adeptes du dépassement et de l’hypertrophie de le soulever : ce n’est pas facile de se concentrer quand vous vous entrainez à côté de moi. En revanche, si les poses devant le miroir en agacent certains, cela ne me dérange pas. Je suis même un peu jaloux : si je m’aventurais à poser, je ne pense pas que l’on me prendrait au sérieux.
Les vélos connectés
Plus sérieusement, le vrai sujet du jour, ce sont les vélos connectés. Au début et à la fin de mon entraînement en salle, je fais du vélo. Ces machines sont fantastiques : je peux changer la difficulté tout en contrôlant mon rythme cardiaque. En entrant mon poids dans l’appareil, celui-ci estime la quantité de calories que je brûle. Mais, ce n’est pas tout : devant mes yeux, alors que je commence à pédaler, un écran tactile me propose plusieurs icônes : Netflix, YouTube, Spotify, Facebook, Instagram, etc. Si l’envie m’en prenait pendant mon long trajet en vélo électrique, je pourrais me connecter. Alors que je remarque cet écran, je me rappelle ce que m’avait dit le gérant de la salle à propos des longues durées sur les vélos : « prends un casque et mets-toi un film sur Netflix sur ton portable, par exemple, ainsi le temps passera moins long« .
C’est-à-dire que le temps doit tellement être rentabilisé, et le divertissement est si important (il faut consommer le plus possible), que l’idée même de simplement s’entraîner sans rien faire d’autre devient caduque. Je me suis arrêté par curiosité sur le chemin du retour après le travail. J’ai alors regardé par la fenêtre de la salle : trois personnes regardaient effectivement leur téléphone portable pendant l’effort. Lorsque je suis en salle durant la journée, ceux qui scrollent sur les réseaux entre les exercices ne sont pas légion, mais ils ne sont pas rares non plus.
Le multitasking
« Ne t’inquiète pas, je suis multitask ». Je pense avoir entendu cette phrase des dizaines de fois, comme si c’était une vertu. Pas plus tard que ce weekend, chez Davide, sa fille faisait ses devoirs en faisant des pauses toutes les cinq minutes pour scroller sur Insta. Outre la perturbation que cela engendre au niveau de la concentration en coupant le flot de pensées continu, faire plusieurs choses à la fois présente plusieurs problèmes : l’augmentation des erreurs, un stress général accru, ce qui, mis bout-à-bout, peut provoquer une atteinte à la santé psychique à différents degrés. De plus, contrairement à une idée reçue, faire plusieurs choses à la fois fait perdre du temps en augmentant en moyenne la durée de résolution de chaque tâche que l’on effectue. Adopter cela comme une habitude est donc une mauvaise idée en soi.
Dans le téléfilm « Dinotopia », qui retrace l’aventure de deux jeunes garçons perdus sur une île inconnue où les dinosaures vivent en harmonie avec les humains, un monument trône au milieu de la ville, énonçant les dix principes de la société dinotopienne. Parmi ces principes figure celui que je ne cesse de rappeler à mes enfants depuis que nous avons regardé tous les épisodes : « fais une chose à la fois ». L’écran connecté du vélo de la salle de sport est l’illustration parfaite de la propension au divertissement, même alors que l’on accomplit une autre tâche. Bien plus : cela montre à quel point la concentration et le fait de se focaliser sur une seule tâche doit être un choix, voire un effort quotidien. Un combat à mener pour moi donc, mais aussi dans l’éducation de mes enfants.