
Je me rappelle que lorsque les premiers smartphones sortaient, plusieurs personnes disaient que les entrepreneurs étaient des génies car ils savaient « anticiper les besoins des consommateurs avant que ceux-ci ne soient exprimés ». En effet, le software des téléphones portables se développait à vitesse grand V et le hardware avec lui. On ajoutait aux téléphones tout un tas de fonctions. Puis les applications sont arrivées, parmi elles WhatsApp. Plus que d’anticiper les besoins, je crois qu’il était question de les créer. Aujourd’hui, quand je parle autour de moi de ne plus avoir WhatsApp, certaines personnes s’angoissent presque en se projetant à ma place. Sans déconner, ils angoissent. J’ai parfois l’impression d’être Bruce Willis dans Clones.
Clones, dont le titre original est « Surrogates », est un film de science-fiction qui se déroule dans un futur proche où les humains vivent leur vie à travers des robots humanoïdes appelés « clones de substitution ». Ces clones permettent aux personnes de rester en sécurité chez elles tout en contrôlant leur avatar pour interagir avec le monde extérieur. L’argument de vente principal des clones de substitution est que grâce à ce nouveau produit, il n’y a plus, par exemple, de mortalité liée aux accidents de la route, puisque ce sont les clones qui conduisent, pilotés par les usagers bien en sécurité chez eux. Plus de maladies sexuellement transmissibles non plus, puisque les rapports se font par clones interposés. Mais, voilà qu’un jour, un homme se trouve en possession d’une arme pouvant tuer les usagers en détruisant les clones eux-mêmes, remettant ainsi en cause l’argument principal de vente du marketing clonesque. La sécurité n’est plus garantie. L’intrigue suit un agent du FBI joué par Bruce Willis, qui enquête sur une série de meurtres liés aux clones. Comme son enquête l’expose à une arme potentiellement mortelle en cas d’utilisation de son clone, à cause de laquelle il passera tout près du trépas, il s’en séparera et redécouvrira la vie sans clone, questionnant ainsi les rapports sociaux tels qu’ils sont conditionnés par l’utilisation de cette technologie.
Le film questionne plusieurs idées. La dépendance aux technologies, en montrant une société où les humains utilisent des robots pour vivre leur vie à leur place. Les personnes préfèrent interagir avec le monde à travers des avatars plutôt que directement. Cela traite également de la question de l’isolement social : avec des clones, les individus deviennent de plus en plus isolés, perdant le contact humain réel. Cela souligne les dangers de la surutilisation des technologies qui peuvent mener à une véritable déconnexion sociale. Aussi, les personnages du film luttent avec leur propre identité, passant tellement de temps à vivre à travers la technologie qu’ils perdent le sens de ce qu’ils sont vraiment. Enfin, le film explore également les questions de sécurité et de contrôle liées à l’utilisation d’un réseau mondial.
Les questions soulevées sont les mêmes que celles relatives aux smartphones et aux objets connectés. Mais, l’idée que je mets le plus en relation entre le film et la réalité est celle de ne plus pouvoir se passer d’un outil. Le film Wall-E dépeint lui aussi une société où les humains sont aussi devenus totalement dépendants de la technologie pour leurs besoins quotidiens, au point de ne plus pouvoir marcher eux-mêmes. Après avoir passé trop de temps à se déplacer en fauteuils flottants automatisés et être devenus physiquement inactifs, les humains sont devenus si gros qu’ils ne peuvent plus se mouvoir, leur corps ne supportant plus leur propre poids. Là aussi, il y a une sévère critique de la sédentarité et de la dépendance excessive à la technologie, montrant comment le confort et la commodité peuvent avoir des conséquences extrêmement négatives sur la santé physique, mentale et l’autonomie des individus.
Pour en revenir au Smartphone, à WhatsApp et aux réseaux sociaux, m’est avis qu’à partir du moment où une technologie devient indispensable à l’interaction sociale, qu’à partir du moment où une relation se trouve dégradée par l’absence de l’outil, c’est que celui-ci a pris bien trop d’importance, voire que la relation en elle-même n’est peut-être pas si saine. Toute cette réflexion m’est venue de l’interpellation d’un ami qui me demandait si je n’étais pas un peu trop extrême dans ma démarche. Il me disait qu’après tout, il était tout à fait possible d’avoir une utilisation des écrans complètement raisonnable et saine. Je lui ai posé une question simple : es-tu capable de vivre sans ton smartphone et sans réseaux sociaux, d’avoir des relations stables, en communiquant correctement et de t’occuper sans faire appel à ton téléphone ? Si la réponse sincère à cette question, en se sondant vraiment et sans tricher, est non, alors c’est que son utilisation n’est probablement pas raisonnable ni saine. Il n’a pas su me répondre. Cela ne veut pas dire qu’une telle utilisation est impossible. Mais, cela montre simplement que ceux qui le peuvent dans ma génération et les suivantes sont largement minoritaires. D’où ma démarche, que je ne trouve finalement pas extrême du tout.
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