Journal de bord #26 – le médecin et la fatigue

Tous ces derniers jours, j’ai voulu prendre le clavier. Cependant, je devais me rendre à l’évidence : je n’avais rien de neuf à écrire dans mon journal de bord, sinon des banalités quotidiennes. Je suis entré dans une phase où je dois ancrer les premières habitudes après avoir pris conscience de plusieurs choses. Je réalise que je pensais que mon journal de bord serait nourri par des questionnements et des révélations quotidiennes. Je suis un peu rassuré de voir que je peux laisser mon esprit au repos parfois.

Fatigue sociale

Aujourd’hui, je réalise la limite à partir de laquelle les relations sociales me fatiguent. À l’époque où je voyais régulièrement ma psychothérapeute, elle avait utilisé le terme « dégoulinant » en parlant de certaines relations. C’est exactement ça qui me fatigue : la manière dont certaines personnes dégoulinent quand je leur partage ce que je vis en ce moment et l’essence de ma démarche. J’ai envoyé un message en créant une liste de diffusion à un peu plus de 300 personnes pour expliquer que je n’utiliserai plus WhatsApp à l’avenir. Si je ne m’attendais pas à un silence total, je ne m’attendais pas non plus à autant de réactions et de projections. Là, c’est fatigant.

J’ai dit à maintes reprises que je conchiais le développement personnel en ce qu’il enferme les personnes dans une démarche individualiste en se focalisant sur soi uniquement. À présent, je commence à comprendre le succès de cette démarche. C’est vrai, c’est bien plus simple et bien moins fatiguant d’y aller seul sans se préoccuper des autres que de vouloir avancer avec tout le monde. On dit que seul, on va plus vite, mais qu’à plusieurs, on va plus loin… Aujourd’hui, je serais beaucoup plus avancé dans ma démarche si je l’avais joué solo sans tenir compte des autres. Je dois bien avouer que j’aurais bien envie d’envoyer balader tout le monde. Mais la conviction que c’est juste de ne pas y aller seul est encore un peu plus forte que la fatigue que cela engendre.

Quand je parle de “dégouliner” sur moi, cela signifie que certaines personnes partagent de manière excessive leurs émotions ou leurs problèmes, souvent sans tenir compte de la capacité à les recevoir de leur interlocuteur. Quant à moi, je me sens parfois envahi par autant de déversement. Et cela, même si c’est mon métier : je suis accompagnant, et le partage de ce que ressentent les personnes fait partie de mon quotidien. Mais, la grande différence tient au fait que mes patients me parlent d’eux en conscience qu’ils me parlent d’eux et que dans la grande majorité des accompagnements que je propose, le fait que nous ne nous connaissons pas a priori permet une meilleure différenciation dans le lien et plus de distance. Dans le cadre des relations sociales, de personnes qui me connaissent, la distance et la limite de la différenciation est plus floue et il est largement plus facile de projeter ses propres peurs et ses angoisses sur l’autre. Passé un certain seuil, cela me fatigue et je prends de la distance.

Je dois trouver une manière de l’exprimer à mon interlocuteur lorsque cela arrive. Après tout, c’est ma responsabilité dans la relation.

Contrôle médical

Enfin, qui dit hygiène de vie et discipline, dit objectivation médicale. Comme j’ai changé de médecin, ce fut l’occasion de la reprise de mes constantes. Celles-ci sont bonnes, et je suis donc en bonne santé. Le médecin m’a expliqué que j’étais encore médicalement jeune, et que c’est à partir de 50 ans que les premiers gestes de prévention étaient systématiquement prescrits. Rien à signaler donc, si ce n’est mon surpoids temporaire (puisque je compte bien descendre sous les 90 kilos). Le médecin m’a simplement confirmé que je ne dormais effectivement pas assez dans mon ancienne hygiène de vie. 7 h par nuit est un minimum, même pour un petit dormeur. Il est aussi apparu que je ne buvais pas assez. Vu ma constitution, un minimum de deux litres d’eau par jour est conseillé. Enfin, et c’est la mauvaise nouvelle de mon rendez-vous chez le médecin : je mange trop de fromage.

Fondue, raclette, parmesan, mozzarella, gratins… Si je cuisine et mange beaucoup de fruits et légumes, il y a tout de même trop de produits laitiers. Tristesse infinie : je prends bien conscience que discipline rime également avec maitrise des plaisirs. Cela remet sur la table l’idée de balance des plaisirs en ce qu’un plaisir immédiat ne doit pas être dépassé par un déplaisir ultérieur qu’il engendrerait. Je vois bien que l’excès de fromage dans mon alimentation et le plaisir que cela engendre rend plus difficile la perte de poids que je me suis fixée. Si je ne voulais pas entreprendre le changement d’habitudes alimentaires maintenant, je ferai une exception et commencerai à diminuer la consommation de fromage.

Je me demande si je fais les bons choix ou si je ne me rends pas simplement la tâche plus dure. Ou si finalement toute cette démarche n’est pas simplement inutile.

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