Journal de bord #27 – les effets du stress… après le stress

Hier matin, je me suis réveillé avec une douleur assez intense qui me semblait inflammatoire dans la hanche et une douleur dans l’épaule. Sans être Dr House, j’ai très vite perçu que ma douleur à l’épaule était probablement posturale, après une nuit assez désagréable que j’ai passée et les positions totalement inconfortables que j’ai prise pour calmer la douleur de ma hanche. Dans tous les cas, j’ai appelé le médecin pour être sûr qu’il n’y avait rien de grave. Ma grande crainte est que cette douleur soit inflammatoire et issue d’une usure du cartilage. J’ai déjà des problèmes cartilagineux, surtout à la cheville droite… J’espère que ce n’était pas annonciateur d’un problème d’articulation plus général.

On verra d’ici à ce weekend ce que dit mon corps. Ce qui est sûr, c’est qu’il semble qu’il ne cesse de réagir et de développer toutes sortes de bobos depuis que j’ai commencé à me reposer. Et, paraîtraitrait-il, que c’est normal : ce seraient les effets du stress après le stress. Il est possible que la douleur et la maladie surviennent après une période de stress intense, comme le travail acharné, lorsque le corps commence à se détendre. Le stress peut donc provoquer des tensions et des réactions inflammatoires qui ne se manifesteraient que lorsque le corps n’est plus en mode survie. Le système immunitaire peut aussi être fragilisé pendant ces périodes de stress, et cela explique pourquoi je peux commencer à ressentir plus de douleurs ou tomber malade une fois que j’enclenche le mode repos. C’est vrai : qui n’a jamais entendu une personne raconter qu’il est tombé malade la première semaine de ses vacances.

Il est assez fascinant de se dire que le corps tient bien sous la pression, puis se relâche une fois en sécurité. Cela met en lumière l’importance de sa gestion (chose pour laquelle je ne suis pas une référence) et le fait de prendre soin de soi de manière continue, et non seulement ponctuelle, trois à quatre fois dans l’année lorsque l’on part en vacances. Cela met en lumière la mauvaise gestion de mon équilibre ces derniers mois, voire ces dernières années, et cela me renforce dans mon idée d’ancrer de nouvelles habitudes. Notamment, j’aimerais pour l’avenir être à jour dans ce que j’ai à faire pour ne plus justement stresser lorsque les imprévus surviennent.

Les facteurs de stress

Évidemment, le travail est un facteur de stress important. Les deadlines, la surcharge, les tensions avec les collègues, avec parfois des visions institutionnelles (encore plus dans l’église où je travaille). Rajoutons à cela les finances et le fait de courir après l’argent. Les douleurs chroniques liées à ma cheville, même si elles sont faibles. Les relations sociales. Les évènements inattendus, comme mon accident de voiture récent, et la manière qu’il a d’amplifier les autres facteurs de stress. Les pressions personnelles et sociétales. Et, là au milieu, le quotidien et tout ce qu’il faut faire. Cela fait longtemps que je dis que je n’arrive pas à faire ce que j’aimerais faire, car je dois toujours d’abord faire ce qu’il faut faire. Comme je cours toujours après ce qu’il faut faire, je n’arrive pas à faire ce que j’aimerais faire.

Voilà, avec la tête dans le guidon et le fait de se dépatouiller pour s’en sortir, je n’ai pas remis en question certaines quêtes de réussite, les attentes professionnelles et sociales élevées à mon endroit. Aussi, j’avais des ambitions et des envies de réalisations pour lesquelles je me mettais trop de pression. Mais, il n’y a pas que cela : la gestion du temps, le FOMO induit, les injonctions et conventions que l’on pense non optionnelles… Aussi, le fait de baigner dans les réseaux sociaux et la surstimulation numérique dont j’ai déjà parlé n’ont effectivement pas aidé à me détendre et à prendre du recul.

Progressivement, ma démarche me permet d’ancrer de bonnes habitudes, je le sens et je le constate. Mentalement et moralement, je me sens de mieux en mieux. Mon corps se repose. Mais, je réalise aussi les stress que je me suis infligés et qui ont eu un impact vraiment délétère sur mon corps et que je paie certains excès d’engagements. La tête dans le guidon, j’ai mal su poser les limites qu’il aurait fallu poser, dans tous les domaines. Depuis mon accident de voiture, je me questionne sur beaucoup d’aspects organisationnels et sur ce que je poursuis, et j’ai déjà pris pas mal de décisions y relatives. Avec ce que j’ai mis en route pour l’année à venir (enfin, les onze mois qu’il reste), cela sera d’autant plus l’occasion de faire du tri sur ce que je veux et ce que je ne veux pas. Il fut un temps où je disais souvent qu’arrivé à 40 ans, je m’étais pris la tête la première moitié de ma vie et que je voulais pouvoir profiter de la seconde : le bilan à faire est plus grand que prévu. C’est donc ça, la crise de la quarantaine !?

Ne pas compter ses heures

Plus sérieusement, j’ai l’impression que le monde s’inflige beaucoup trop de stress, et notamment au travail. C’est d’autant plus vrai dans les milieux ecclésiaux ou le bénévolat fait partie intégrante de la culture. Lorsque je travaillais pour l’Armée du Salut, c’était un sujet récurrent : certains bénévoles des communautés trouvaient qu’en tant que personne engagée et rémunérée, je ne donnais pas assez de mon temps libre. Encore aujourd’hui, dans l’église réformée, certains collègues (pas tous heureusement), estiment que faire des heures supplémentaires et ne pas compter, ouvrir son courriel pendant les vacances et traiter les mails est quelque chose de normal. « Je suis à 80%, mais dans les faits, je fais un 120% ». Quand une personne me dit cela l’air joyeux (si si, ça m’est arrivé), j’ai plutôt tendance à l’encourager à en parler à ses supérieurs et à faire remonter le réel, plutôt qu’à s’en gargariser. Je me suis un peu laissé déborder par ça jusqu’à l’arrivée de mon chef, qui lui m’a bien prié de faire du mieux que je pouvais, mais à compter mes heures strictement. Aujourd’hui, je réalise à quel point cette mentalité m’a desservie.

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