Journal de bord #38 – le travail et le sens

Je pourrais écrire encore tout un tas de choses très intéressantes sur l’ennui. Mais également sur des choses qui sont sorties ces jours, comme cette étude qui nous raconte qu’une personne sur deux en Suisse serait dépendante de son smartphone. Mais, non… parce que ces jours, je dois bien avouer que si j’ai continué à tenir mes nouvelles routines, j’ai aussi mis de côté mon blog, mes lectures et l’écriture pour me concentrer un peu sur l’enregistrement d’un podcast avec mon ami Davide.

Cette expérience a été salutaire. Éprouvante, pourtant salutaire. Il y a quelques jours, j’ai exprimé une fatigue intense, physique et psychique. C’est toujours le cas : je suis vraiment très fatigué. Je remplis gentiment la jauge d’énergie, mais globalement, je ne suis pas encore arrivé à restaurer entièrement ce qui me manque. Néanmoins, l’enregistrement de ce podcast a été révélateur d’une sensation qui m’a longtemps fait défaut et que j’arrive gentiment à réinjecter dans tous les domaines de ma vie : du sens. Je l’ai dit, la démarche d’élaguer les choses, de revenir à une hygiène de vie et à une radicalité dans mes choix m’a permis de voir plus clair. Y voyant clair, j’ai maintenant la place de développer des choses qui me paraissent importantes.

L’enregistrement et le montage de ce podcast m’ont certes pris du temps et de l’énergie. Mais, en retour, ma jauge d’énergie mentale s’est considérablement remplie : enfin, je peux faire quelque chose qui a du sens pour moi. Je peux, en plus de ce blog, faire quelque chose de mes années d’errances, de mes traumatismes, de mes réflexions, de nos longues heures de discussions avec Davide, de mes lectures et expériences. Je trépigne à l’idée de publier ce matériel.

La question du sens

C’est drôle parce que dans ce podcast, nous avons rapidement abordé la question de comment j’envisage la spiritualité dans mon contexte professionnel d’accompagnant spirituel. Parmi les aspects qu’englobe cette notion, j’ai évoqué la question du sens et de l’équilibre de vie : comment un évènement (hospitalisation, annonce de maladie dans mon contexte) vient affecter l’équilibre de vie d’un patient, et comment peut-il injecter du sens dans ce qui arrive ? Cette composante de la spiritualité, ce sens, m’a grandement manqué en dehors de mon travail et de ma vie de père, et je pense que c’est pour cela que j’ai tant erré ces derniers mois. On dit que parfois, ce sont les cordonniers les plus mal chaussés. Dans le cadre de mon travail, j’aurais dit de moi qu’il y avait une perturbation forte au niveau du sens.

Trop souvent, cette question est reléguée au second plan. Comme si elle ne faisait pas partie intégrante de notre existence quotidienne et de notre bien-être : on fonctionne et on ne réfléchit pas au sens. Surtout, on consomme et il n’y a alors pas la place d’y réfléchir. Pourtant, c’est souvent dans ces moments de crise, dans ces épreuves de santé ou de vulnérabilité, que les personnes cherchent un sens, une raison, quelque chose à quoi s’accrocher. Je l’ai vu avec mes patients bien souvent. Mais, chercher à s’accrocher à quelque chose ne suffit pas. J’ai cherché à m’accrocher à beaucoup de choses. Ce faisant, j’étais dans une démarche d’objet. En réalité, pour la première fois depuis très longtemps, je crois que je redécouvre la joie de la potentialité d’être pleinement sujet de son existence : je ne m’accroche pas à quelque chose d’externe à moi, mais je laisse pleinement être ce qui est. Cerise sur le gâteau, le travail que je fournis actuellement raccroche les wagons en termes de sens avec ma vie professionnelle et ma vie de père.

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