
J’ai déjà arrêté de manger du sucre à plusieurs reprises. Plusieurs fois, pendant la période de carême, il m’a été donné de ne plus en manger durant quarante jours. C’est bien là toute la différence : mes ascèses sucrières précédentes étaient temporaires. Savoir que je ne manque pas d’un aliment pendant un temps donné est plus facile que de ne plus en manger du tout.
J’ai démarré la vie sans sucres hier. J’ai réalisé hier soir que le cacao du soir était devenu une habitude bien ancrée. J’étais chez Davide hier, et j’ai dû me battre contre moi-même pour ne pas manger de chocolat. Aujourd’hui, la même chose lors de la collation à l’EMS avec mes patients. D’habitude, je bois un verre de sirop avec eux et je prends un muffin qu’ils ont préparé eux-mêmes. Giselle (nom d’emprunt) était un peu déçue que je ne goûte pas son œuvre, mais elle m’a ensuite dit avec un grand sourire : « t’es déjà beau comme ça, alors si tu perds encore du poids, tu seras un Apollon, mon cher« .
Manque physique
Je sais que ce craving est passager. Le sucre, comme tant d’autres substances, comme les écrans et les réseaux sociaux, stimulent certes le système de récompense. On est dans un des schémas classiques du phénomène d’addiction : le sucre libère de la dopamine, ce qui provoque un plaisir intense. Avec une consommation fréquente, la libération de dopamine diminue, nécessitant des doses plus importantes pour obtenir le même plaisir. La différence est que le sucre n’entraîne pas une dépendance chimique aussi forte que certaines autres substances. Et, contrairement à des drogues, il n’entraîne apparemment pas de changements structurels dans le cerveau, comme des atrophies, des altérations dans les connexions neuronales et dans le circuit de récompense, par exemple. En revanche, une trop grande consommation peut opérer des changements métaboliques importants sur le corps et générer diabète et obésité.
Ce que je sais d’expérience, c’est qu’une grande consommation de sucre comme la mienne, lorsqu’elle est arrêtée, peut générer des comportements d’hyperphagie lorsqu’elle reprend. J’ai expérimenté cela après Carême notamment : pensant avoir été « délivré » du sucre, j’ai été surpris après mon premier carême à reprendre une consommation excessive. Il s’est passé l’inverse de ce que je pensais. Alors que par la privation, je pensais avoir rééquilibré mon alimentation, je n’ai pas su gérer la reprise.
Cette fois-ci, je n’ai réellement pas envie de reprendre la consommation de sucre de manière normalisée comme celle que j’avais jusqu’à présent. C’est un arrêt définitif. Même après deux jours d’arrêt, je réalise qu’il y a certaines choses que je mangeais que je ne conscientisais pas. Le cacao quotidien en est un bon exemple.
Phénomène de manque
Comme pour les écrans, les cravings et les habitudes sont réversibles. Mais, leur réversion prend simplement un peu de temps. Dans les sept premiers jours, il semble être normal de ressentir des manques. C’est ce que j’ai connu pendant le dernier carême. Puis l’envie diminue progressivement jusqu’à environ quatre semaines, durée après laquelle l’envie de manger du sucré est moindre.
Ce que je me réjouis passablement de (ré)expérimenter, c’est un renouveau de sensibilité gustative. Les papilles gustatives deviennent plus sensibles et les aliments naturellement sucrés comme les fruits et légumes reprennent leur attrait. En lisant ceci, j’en ai déduit que c’est le problème que pose le sucre sur la sensibilité gustative des enfants. Si je regarde un peu autour de moi, je remarque effectivement une corrélation entre grande quantité de sucre consommée et dégoût prononcé pour un certain nombre d’aliments chez les petits, notamment les légumes. Alors, le fait de ne plus manger du sucre, et par extension de moins en donner à mes enfants, aura aussi probablement un effet positif sur eux.
Certes, je cuisine déjà beaucoup et le sucre qu’ils mangent leur est déjà limité. Mais, finalement, comme la suppression des écrans tactiles, la diminution des aliments sucrés ne pourra en tout cas pas leur faire de mal.
Si le cœur vous en dit, n’hésitez pas à soutenir ce blog, ainsi que mes autres activités et projets en cours de développement. Merci infiniment pour votre soutien et votre générosité !
Réaliser un don ponctuel
Réaliser un don mensuel
Choisir un montant
Ou saisissez un montant personnalisé :
Votre contribution est appréciée.
Votre contribution est appréciée.
Faire un donFaire un don mensuel