
Comme chaque habitude prend un certain temps à s’ancrer et que les choses se font les unes après les autres, les billets et leurs sujets s’espacent dans le temps. Si je fais un petit bilan du processus dans lequel je suis entré depuis quelque temps, je n’ai plus de smartphone et ne suis plus présent sur les réseaux sociaux. Je fais du sport 3-4 fois par semaine. J’ai aussi supprimé de mon alimentation sucre et alcool, sauf en cas d’évènements majeurs ou d’invitations. Je suis d’ores et déjà content du chemin parcouru en trois mois et je me réjouis des neuf mois restants pour aller encore plus loin dans l’ancrage d’une hygiène de vie plus saine.
Des neurones salés
Ça y est, le sucre n’est plus un « problème ». J’ai finalement rééduqué mon cerveau au plaisir. J’ai voulu aller un peu plus loin sur cette notion de rééducation et comprendre ce qui s’est passé physiquement pour que je ne ressente plus de manques de sucre. Mieux : pour que je n’en aie plus envie spécifiquement. Je vais aussi reprendre quelques éléments dont j’ai déjà parlé.
Le plaisir est une expérience profondément enracinée dans le fonctionnement de notre cerveau et se façonne au fil du temps grâce à nos expériences et à l’apprentissage. Il est lié au système de récompense, qui repose sur des mécanismes chimiques comme la libération de dopamine. Lorsqu’une activité ou un stimulus est perçu comme agréable, le cerveau renforce donc les connexions neuronales associées à cette expérience. Cela explique pourquoi nous avons tendance à rechercher ce qui nous procure du plaisir. Cependant, ce processus n’est pas figé ; il évolue en fonction de l’éducation, de l’environnement et des expériences vécues. Par exemple, des aliments ou des activités qui n’étaient pas appréciés durant l’enfance peuvent devenir sources de plaisir à l’âge adulte, car le cerveau s’habitue à de nouveaux stimuli et les intègre comme positifs. C’était le cas des olives pour moi : impossible d’en manger petit. Ce phénomène repose sur la plasticité neuronale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à modifier ses connexions en réponse à l’apprentissage.
L’éducation, au sens large, joue donc un rôle crucial dans la manière dont nous percevons le plaisir. Elle nous expose à différents contextes, normes culturelles et stimuli sensoriels qui modèlent nos préférences. Ce conditionnement peut être volontaire, comme apprendre à aimer un type de musique ou une cuisine, ou inconscient, comme associer certains sons, odeurs ou comportements à des souvenirs plaisants. Ainsi, le plaisir ne dépend pas uniquement de stimuli externes, mais aussi de la manière dont notre cerveau a été éduqué à les interpréter et à y répondre.
Alors, si le cerveau peut être éduqué, il peut aussi être rééduqué. Rééduqué au plaisir grâce à sa grande plasticité, c’est-à-dire sa capacité à former de nouvelles connexions neuronales ou à remodeler celles qui existent déjà. Cette plasticité permet de modifier nos réponses aux stimuli, d’apprendre à apprécier de nouvelles expériences ou de réorienter notre sens du plaisir vers des activités ou des goûts plus bénéfiques. C’est ce qui fait qu’à chaque changement, tout semble d’abord difficile, comme pour le sucre et les craving que j’avais ressentis. Mais, avec le temps et la répétition, le cerveau s’adapte : il commence à associer ces nouvelles activités à des sensations positives, comme une meilleure énergie ou une satisfaction personnelle. Progressivement, elles deviennent sources de plaisir en elles-mêmes. Ce processus repose sur le renforcement des circuits neuronaux impliqués dans le plaisir et la récompense.
Ainsi, il serait donc possible de désensibiliser le cerveau à certains plaisirs malsains ou excessifs, comme ceux liés à des comportements addictifs par exemple. Par des thérapies ou des pratiques telles que la pleine conscience, on peut, par exemple, apprendre à réduire l’impact des déclencheurs et à trouver du plaisir dans des alternatives plus équilibrées. Ayant travaillé en addictologie pendant plusieurs années, j’ai effectivement constaté que la pleine conscience, lorsqu’elle est bien menée, si elle n’est pas une solution miracle, contribue au mieux être et à une meilleure gestion émotionnelle des patients. En somme, le cerveau peut être rééduqué, mais cela demande de la constance, un environnement favorable et parfois un accompagnement spécialisé. Je trouve cela proprement fascinant. J’ajoute aussi que chaque cas est unique et contextuel et qu’on ne peut pas faire de généralités : un même processus de « rééducation » ne marchera pas nécessairement pour deux personnes différentes.
Après le sucre et l’alcool…
Nous y sommes, je dois maintenant entamer une nouvelle rééducation. C’est l’aspect de mon alimentation que je n’avais vraiment pas envie de changer : les laitages. Le fromage, la crème et le beurre font partie des aliments que je mange le plus. La semaine passée, nous sommes, par exemple, allés visiter la maison du gruyère avec mes enfants, et nous y avons fait le plein de double crème et de fromage. Je mange deux fois par mois fondue et/ou raclette. Sans compter que je me cuisine souvent des pâtes, pour lesquelles le parmesan et le grana ne sont pas que des assaisonnements. En fait, pour être honnête, je dirais que ce sont plutôt les pâtes qui assaisonnent le fromage. Je fais de la tresse presque chaque semaine et y incorpore évidemment une bonne quantité de beurre, comme dans les pancakes et les gaufres d’ailleurs. J’utilise aussi parfois de la crème pour cuisiner. Aujourd’hui, nous avons, par exemple, mangé un gâteau à la double crème et aux lardons. Comme c’est équilibré.
Il y a plusieurs problèmes liés à la surconsommation de laitages. Tout d’abord, le fromage contient une quantité significative de graisses saturées, qui peuvent, en excès, contribuer à l’augmentation du cholestérol LDL (« mauvais cholestérol »). Les graisses saturées sont des lipides principalement présents dans les produits d’origine animale et certaines huiles végétales comme l’huile de coco. Cela peut accroître le risque de problèmes cardiovasculaires. La crème et la double crème contiennent une proportion encore plus élevée de graisses saturées que la plupart des fromages. La crème classique a une teneur en matières grasses d’environ 30 %, tandis que la double crème peut contenir jusqu’à 48 %.
Il va sans dire que l’apport calorique est donc conséquemment élevé. Le fromage est dense en calories. Plus de 400 calories pour 100 grammes de gruyère, soit approximativement un sixième de l’apport calorique journalier d’un homme adulte. C’est énorme. Pour le beurre, on tourne à 700 calories pour 100 grammes et 300 calories pour la crème. Pas besoin de chercher bien loin les raisons pour lesquelles je ne perds pas de poids. Ajoutons à cela que le fromage est très riche en sel et que la crème est très pauvre en nutriments essentiels, ce qui ne plaide pas en faveur des laitages.
Il va falloir quantifier. Et j’avoue que je réfléchis en même temps que j’écris ces lignes, aux quantités que je dois atteindre. Si pour le sucre et l’alcool, il suffisait de les supprimer, je vais ici devoir introduire un maximum à ne pas dépasser. Cela sera, dans un premier temps, 300g de fromage par semaine. Pour la crème, je vais d’abord la supprimer, car je n’aime pas cela outre mesure, et que je ne l’utiliser que par facilité gustative. Elle est largement dispensable pour peu que je prenne un peu plus de temps en cuisine et que j’anticipe un peu plus les repas. Pour ce qui concerne le beurre, je vais le supprimer de mon quotidien : les tartines beurre-cenovis deviendront donc des tartine beurre-cenovis sans beurre. Je continuerai en revanche à faire de la tresse et des pancakes le dimanche. Enfin, considérant qu’il faille donc rééduquer mon cerveau, je vais devoir arrêter de raper une montagne de fromage sur mes plats de pâtes. Alors, plutôt que de réfléchir à des questions de quantité, supprimons le fromage avec les pâtes pendant un temps.
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