Ce blog existe depuis maintenant deux ans. Et, depuis deux ans, il génère des échanges avec tout un tas de personnes. Des échanges qui m’ont élevé pour la plupart et qui m’ont permis d’élargir mon cadre de pensées. Cela a également généré un grand nombre de discussions, orales et écrites, avec d’anciens compagnons évangéliques, paroissiens et responsables, que j’ai côtoyés à l’époque ou que j’ai rencontrés récemment. Ces échanges sont d’autant plus nombreux depuis quelques semaines et la sortie du podcast Cosmogénèse, que nous avons réalisé avec Davide.

Pendant les dix dernières années, depuis ma désaffiliation, j’ai entretenu l’espoir — vain, j’en prends conscience aujourd’hui — qu’il était possible de dire les choses et d’initier un dialogue constructif avec mes anciens coreligionnaires évangéliques. Sauf quelques rares personnes, je dois bien confesser que la plupart des interactions étaient sans intérêt. J’ai été confronté la plupart du temps à des réponses tièdes et répétitives du type « les institutions sont imparfaites, car les humains sont imparfaits » ou encore « je préfère me concentrer sur le positif plutôt que sur le négatif« , alors que je parlais d’abus subis (!). Pire : les responsables concernés eux-mêmes n’ont absolument pas pris la mesure de la gravité des situations décrites ou des critiques émises, et ont continué leur chemin, l’ignorance et le déni en guise de meilleure arme. Une somme colossale de témoignages d’ami.e.s et de connaissances, aussi désaffilié.e.s ou encore dans le milieu, vont tous en ce sens. Je note aussi que des responsables non concernés ont quant à eux décidé de tout simplement m’interdire de chaire.

Mais, la dimension que prend l’échange dans la violence et le déni est encore décuplée depuis que nous avons commencé à publier ce podcast. Les propos déplacés sont nombreux : condamnation à l’enfer, tentatives de pressions psychologiques sur fond de versets bibliques, attaques ad hominem, relativisation du propos sous couvert de post-vérité, etc. Un échange, avec une personne, dont j’ai gardé la trace écrite et qui servira de matrice pour le prochain épisode de Cosmogénèse est particulièrement parlant et violent : si un bingo des réponses outrancières, déplacées et non respectueuses existait, il aurait gagné haut la main.

Naïvement, je m’imaginais que parler publiquement de ces abus permettrait d’échanger de manière respectueuse sur la question des abus spirituels et de questionner, toujours de manière respectueuse, les croyances évangéliques. La réalité est tout autre, puisque je suis confronté à des échanges que je ressens comme bien plus violents que ceux que j’avais il y a dix ans, lorsque je quittai le milieu évangélique. Sous l’impulsion de Davide (entre autres), j’ai décidé d’opérer un changement de ton et de simplement arrêter de prendre des gants et de prendre trop soin de l’autre dans l’échange et de devenir beaucoup plus frontal. M’est alors revenue en tête une pensée que Lytta Basset nous avait partagée lors d’une formation : parfois, des personnes n’arrivent pas à entendre ou à écouter ce qu’on leur dit, même si les efforts de communication sont poussés à leur paroxysme. Selon cet état de fait, autant alors dire les choses explicitement et frontalement, plutôt que de ne pas les dire ou d’amoindrir le propos pour prendre soin de l’autre dans l’échange. S’il ne peut pas l’entendre, alors on est fixé. S’il entend ce que l’on dit, alors un vrai échange peut commencer.

J’ai mis cela en pratique dans le fameux message que nous reprendrons dans le prochain épisode. Et, je dois bien avouer que cette posture a le mérite de permettre de discerner assez rapidement dans quelle relation on a intérêt à s’investir ou non. Tout cela conduit à un changement de posture et de ton pour la suite du podcast. Nous avons décidé d’être beaucoup plus frontaux d’abord. Et, comme nos vis-à-vis ne se gênent pas pour nous faire part de leurs opinions, quand bien même celles-ci ne seraient fondées que sur du vide, plus aucune opinion que nous jugeons fondée ne sera retenue de notre côté non plus. Que celui qui a des oreilles entende.

Ceci étant dit, vous trouverez donc le dernier épisode du premier arc de notre podcast et la fin de la digression sur la violence ici :

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