Cosmogénèse, ultime épisode

Toutes les bonnes choses ont une fin. Cosmogénèse c’est fini. Ce dernier épisode sonne l’heure du passage. Nous cherchons du feu chez les voisins parce que nous avons abandonné nos propres outils d’éveil. Peu à peu, nos gestes d’humanité ont été délégués, confiés à des dispositifs, des protocoles, des machines. Alors nous nous dévorons les uns les autres.

Il ne reste qu’un geste possible : déchirer les pages de l’aliénation et se jeter dans le feu. Et à chacun son aliénation. Pour certains, ce sera le feu de la géhenne : celui de la plainte, de la lamentation, de la déconstruction sans fin. Nous avons choisi un autre feu. Un feu de l’esprit. Un feu qui brûle sans se complaire dans les cendres. Nous broyons avec jubilation, dans les entrailles de notre ordinateur de montage, nos derniers échanges devenus lettre morte. Ce qui ne nourrit plus est mastiqué, digéré, transformé.

Vous pouvez écouter l’ultime épisode, ainsi que tous les autres qui resteront en ligne, sur toutes les plateformes.

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Plusieurs personnes m’ont demandé pourquoi nous arrêtons de faire du podcast avec Davide. La question est mal posée. Nous n’arrêtons pas de publier du contenu audio, nous arrêtons juste Cosmogénèse.

Cela nous a accompagné une année. Nous y avons abordé nos parcours respectifs dans la foi chrétienne évangélique ainsi que diverses réflexions connexes ainsi que notre sortie de ces milieux. Aujourd’hui, et depuis plusieurs mois, nous n’avons plus envie d’être cantonnée dans cette sphère de réflexion, car notre vie elle-même, n’y est pas cantonnée. Comme cette partie de notre vie, nous laissons nos récits derrière nous.

Plusieurs personnes nous ont encouragé à créer un produit « Cosmogénèse ». A tenter de fédérer une communauté autour de nos échanges. Ce n’est pas notre ambition, nous ne sommes pas et ne voulons pas être des boutiquiers. Cosmogénèse a été un lieu. Un lieu de parole, de frottement, de sortie. Un lieu nécessaire à un moment précis de nos trajectoires. Mais un lieu n’est pas une résidence. Y rester aurait fini par figer ce qui, à l’origine, cherchait à respirer.

Nous ne voulons pas transformer une parole vivante en format reconnaissable, en marque identifiable, en objet stabilisé. Dès que la parole se met à anticiper son public, elle commence à se trahir. Dès qu’un espace de recherche devient un rendez-vous attendu, il se referme sur lui-même. Ce que nous cherchons désormais ne passe plus par un récit centré sur la sortie d’un milieu religieux particulier. Cette sortie a eu lieu. Elle a produit ses effets. Elle a laissé des cicatrices, mais aussi des appuis. Continuer à y revenir serait entretenir une gravité qui n’est plus la nôtre

Nos vies se déploient ailleurs. Dans les corps. Dans les liens. Dans le quotidien. Dans la cuisine, le travail, la création, l’amitié, le silence, la famille. Là où la pensée ne se commente pas elle-même mais se laisse éprouver. Là où l’expérience précède le discours. Le podcast continue. L’audio continue. La parole continue. Mais elle circule autrement. Elle se laisse déplacer. Elle accepte de ne plus porter le même nom.

Nous ne cherchons ni communauté à fédérer, ni public à retenir, ni produit à décliner. Nous ne construisons pas une boutique spirituelle, même alternative, même critique, même déconstruite. Nous travaillons la matière vivante de ce qui se donne là, maintenant, et nous la laissons se transformer.

Cosmogénèse se termine comme elle a commencé : par un geste. Un geste de séparation. Un geste juste. Ce qui a été dit reste. Ce qui devait brûler a brûlé. Le reste nourrit autre chose.

Alors rendez vous en janvier pour une nouvelle série: MASTICATION.

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