Le défi de Jérusalem

Après « Le bâtard de Nazareth » j’ai lu le nouveau livre d’Eric-Emmanuel Schmitt « Le défi de Jérusalem » paru en avril de cette année. C’est par le truchement d’une interview de Metin Arditi à la Grande Librairie que j’ai pris connaissance de l’existence de ce livre puisque les deux auteurs partageaient le plateau. Je n’avais jamais lu Schmitt. Ce n’est pas faute d’y avoir été confronté dans les discussions avec les collègues ou avec certains amis amateurs : il semble avoir pignon sur rue chez les chrétiens de tous bords par son engagement spirituel personnel et son attachement intime à la personne de Jésus.

Je dois bien avouer que je n’étais pas parti pour lire cet ouvrage : bien qu’obsédé par le fait religieux, le carnet de voyage témoignant d’un pèlerinage à Jérusalem ne m’intéressait à priori que peu. L’idée de pèlerinage est quelque chose qui ne m’a absolument jamais parlé, traversé l’esprit ou motivé : c’est une démarche qui personnellement ne me touche pas. Quel intérêt aurais-je à me rendre dans un lieu de dévotion particulier alors que ma vie s’incarne dans l’ici et maintenant ? Que la dévotion a lieu là où je me trouve avec et envers ceux qui m’entourent et non là où je pourrais potentiellement être? Ma spiritualité vit là où je me trouve, et généralement hors de la sphère religieuse, encore plus loin de tout reliquat. Je n’avais pas prévu de le lire donc, jusqu’à être confronté au 4ᵉ de couverture à la librairie : « Après « La nuit de feu », où Eric-Emmanuel Schmitt décrivait son expérience mystique dans le désert du Hoggar, il revient aux sources avec ce récit de voyage en Terre sainte, territoire aux mille empreintes. » Une expérience mystique dans le désert. Voilà qui m’intriguait déjà plus. Du coup, j’ai acheté les deux livres, dont voici un retour de lecture.

La nuit de feu

Commençons par le commencement. J’ai entamé ma lecture par le premier des deux livres « La nuit de feu ». Ce récit retrace et revisite, plus de vingt ans plus tard, une expérience mystique vécue par l’auteur dans le désert. Au-delà du témoignage de l’auteur, un propos s’ancre dans l’actualité d’alors : les attentats de Charlie Hebdo en début d’année 2015, puis les attentats de Paris en novembre de la même année. C’est l’expression d’un intégrisme religieux qu’il juge mortifère qui motive l’auteur. Schmitt l’explique assez clairement dans une interview : « La foi est défigurée aujourd’hui. Elle est défigurée par des fanatiques, des intégristes, qui prétendent commettre des crimes en étant inspirés par Dieu. Outre que ces actes sont intolérables pour nous tous, se réclamer de la foi pour accomplir ces actes, c’est doublement intolérable quand on est croyant. Et donc j’avais envie d’opposer mon silence intérieur à cette foi bruyante qui n’est pas une foi. » Dans l’épilogue du livre, il écrit : « Face au questionnement sur l’existence de Dieu, se présentent trois types d’individus honnêtes, le croyant qui dit : « Je ne sais pas, mais je crois que oui », l’athée qui dit : « Je ne sais pas, mais je crois que non », l’indifférent qui dit : « Je ne sais pas et je m’en moque. » L’escroquerie commence chez celui qui clame : « Je sais ! » Qu’il affirme : « Je sais que Dieu existe » ou « Je sais que Dieu n’existe pas », il outrepasse les pouvoirs de la raison, il vire à l’intégrisme, intégrisme religieux ou intégrisme athée, prenant le chemin funeste du fanatisme et de ses horizons de mort. » (p. 185). Cette recherche d’un langage de tolérance, pour vivre ensemble, transparait d’ailleurs clairement dans le récit puisqu’il met en scène une caravane de touristes aux regards hétéroclites sur le monde, venus se confronter au désert. Personnes parmi lesquelles il y a des scientifiques cartésiens, une touriste catholique un peu bigote, un guide touareg musulman et l’auteur croyant aujourd’hui, mais athée dans la première partie du récit. Il y a la volonté de trouver une morale humaniste universelle dans les différences de croyances et de culture, un peu à l’image de livre « L’âme du monde » de Frédéric Lenoir (livre qui ne m’a pas spécialement marqué, mais qui m’avait ouvert des portes de réflexion à l’époque ou je quittais les milieux évangéliques), qui tente dans un conte spirituel de réunir des représentants de diverses religions et courants de pensée pour tracer les contours d’une sagesse universelle. Cette universalité, Schmitt tente d’en tracer les contours à son tour dans les liens entre être humains, qui transcendent les différences culturelles, religieuses, traditionnelles, etc.…

Schmitt se rend dans le désert du Hoggar sur les traces de Charles de Foucauld avec toujours cet accent sur l’humanisme et l’universalité : « Si nous suivions les traces de Foucauld jusqu’au cœur du désert, c’était par passion pour une figure humaine, celle d’un sage universel, un sage qui ne nous imposait pas d’être chrétiens pour nous inspirer, un sage reconnaissable par tout individu et toute civilisation » (p.25). Durant cette expédition dans le désert, il perdra accidentellement la trace du groupe (qu’il retrouvera le lendemain) pour passer une nuit seul. Nuit durant laquelle il vivra son expérience mystique.

Une expérience mystique, qui fait explicitement appel à l’idée du démembrement chamanique (à ce sujet, voire Mircea Eliade, le chamanisme, Payot) : « Je ne comprends rien… Vient-elle [une force] de l’extérieur ? De l’intérieur ? Je ne la reconnais pas, je ne la localise pas. Les repères s’abolissent. Voilà que ça change déjà… J’ai l’impression que la force intervient. Elle… elle m’agrandit ! Oui, elle distend mes membres, me rend colossal, m’étend aux dimensions du massif montagneux, je vais dominer et tapisser le Sahara… La force insiste. Elle m’écartèle sans me briser; au contraire, ce démantèlement me comble de suavité. Délicieux. (p. 135) ». Ce qui est intéressant, c’est que dans les rituels chamaniques décrits par Eliade, il est justement question d’être totalement brisé, symbolique de la mort et de la résurrection. Il y a clairement l’idée de la nouvelle naissance, de la mort de l’ego pour servir quelque chose de plus grand, plus vaste. On entre dans le domaine spirituel, bien plus vaste que le domaine matériel. Le chaman se trouve donc symboliquement démembré, écartelé puis spirituellement reconstruit pour ensuite entrer dans une vocation qui le dépasse. Ses viscères sont aussi symboliquement remplacées pour, allégorie du corps nouveau : l’élu devient une nouvelle créature. Si le récit de Schmitt n’est pas sans me rappeler ces initiations dont parle Eliade, elles s’en distancient néanmoins en ce qu’ici l’écartèlement symbolique ne se veut pas complet : la force l’écartèle sans le briser, comme s’il y avait la volonté de s’étendre à quelque chose de plus vaste que la réalité perçue, laisser une place au mysticisme, sans pour autant aller jusqu’à la mort symbolique et la résurrection. Une sorte de volonté de passer à autre chose, sans oser une transformation totale. Cela pour dire que son expérience me paraît en même temps extrêmement engagée en ce qu’elle met en mouvement tout son corps et son esprit, et en même temps un peu tiède dans le sens ou la symbolique ne va pas jusqu’au bout.

Ce sentiment vient probablement de là, et je précise que c’est une vision subjective et personnelle : j’ai le sentiment que l’individuation, la différenciation, comprise comme la sortie du tohu-bohu, de la confusion, n’est plus ce qui est recherché par la spiritualité. Ce n’est plus une fin, mais un moyen pour atteindre une autre fin : la capitalisation. La spiritualité n’est plus spiritualité, c’est un business. La transcendance n’est plus dans l’expérience intime et ce qu’elle apporte de transformation et de mise en route des processus de travail internes, mais se situe dans le libéralisme et ses vertus. Dit autrement, j’ai le sentiment que l’expérience intérieure devient un objet servant une idéologie ambiante, à savoir l’élévation de l’individu et la transformation de son parcours en manne financière. Pour prendre l’exemple du christianisme, ce qui me semblait être une des centralités, à savoir la mort de l’ego pour une nouvelle naissance, me semblait pervertie pour justement servir à élever ledit ego. Et, si je refuse de faire de procès d’intention à l’auteur, en lisant « La nuit de feu » j’ai parfois eu l’impression que ce livre allait un peu dans ce sens : il y a certes un propos engagé, mais également une glorification de l’expérience personnelle qu’on l’utilise pour servir son projet de promotion de soi, dans une dynamique libérale. Cela n’enlève rien à l’expérience en tant que telle. Je me pose simplement la question de la manière dont celle-ci est reprise. En l’occurrence, dans une société où l’expérience individuelle est portée aux nues, ce genre de récit m’a, à certains égards, donné l’impression d’être une volonté de se parer d’une certaine ampleur spirituelle. Je ne ressens pas la congruence que j’aimerais ressentir quand je lis ce genre de récits expérientiels, contrairement à d’autres récits comme « Ce lien qui ne meurt jamais » de Lytta Basset par exemple.

Un autre aspect de son expérience qui m’interpelle : la notion de plaisir. L’auteur parle de délice et de suavité. Tout le contraire de l’idée que je me fais d’une mort et d’une résurrection symbolique. Sans vouloir sombrer dans le dolorisme, parmi les quelques personnes que je connais ayant expérimenté une « mort de l’ego », même ponctuelle, je ne me rappelle pas qu’une d’entre elles ait exprimé un sentiment de plaisir. De satisfaction et de bonheur par rapport aux chemins sur lesquels cette expérience les ont emmenées, oui. Mais, l’expérience spirituelle en elle-même s’apparente d’habitude plus à une épreuve qu’à quelque chose d’hédonique. Il ne s’agit pas de figer l’expérience spirituelle dans la douleur, mais plutôt de penser à ce qu’elle est sensée générer : la mise en route de processus de travail interne. Ce n’est pas incompatible avec l’idée de plaisir en soi, mais je me méfie personnellement de ceux qui présentent l’expérience spirituelle comme quelque chose de purement hédonique.

Ce livre ne marquera donc pas mon parcours de lecteur. L’idée de partir de son parcours personnel pour tirer un parallèle avec l’actualité n’est pas inintéressant en soi. En l’occurrence ici, le propos universaliste et la volonté de l’auteur prend un peu le pas sur l’expérience mystique qui aurait été un sujet à part, indépendamment de l’actualité. En parallèle, l’expérience lue par le prisme de l’idée (certes subjective) que je me fais de la spiritualité, me laisse dubitatif.

Le défi de Jérusalem

À la suite de ce premier récit autobiographique, j’ai donc lu celui qui concerne l’actualité puisqu’il est sorti il y a tout juste trois mois. Il s’agit d’un carnet de voyage qui retrace le pèlerinage de l’auteur à Jérusalem. Je n’ai pas grand-chose à dire sur ce récit-là. Sinon que c’est un récit écrit sur le vif contrairement à « La nuit de feu » qui semble avoir pris plus de temps à la digestion. L’auteur nous y raconte son pèlerinage en Israël, en commentant les textes bibliques associés aux différents lieux qu’il côtoie. Il agrémente son récit de quelques digressions et commentaires. Je n’y ai pas trouvé un grand intérêt. D’abord, parce que comme je l’ai dit, la notion de pèlerinage me laisse aujourd’hui assez indifférent. Aussi parce que tout y est assez prévisible. La manière dont le récit est conté utilise des ritournelles que j’ai entendues mainte fois dans les milieux religieux chrétiens. Par exemple, le refus à première vue de s’inscrire dans une démarche religieuse, suivi d’une révélation à son corps défendant. Un passage illustre cela à la page 129 lorsqu’il parle de la visite d’un lieu : « Je trépigne. L’envie de déserter cette mascarade me ronge. Je ne m’estime ni en résonance ni en sympathie avec ceux qui m’encerclent, j’aspire à récupérer ma liberté, ma rationalité, mon autonomie. Maillon de cette chaîne de bigots, moi ? Quelle prison ! Je vais m’extraire de ce rituel imbécile. » En marge de ce paragraphe, j’ai noté pour moi-même ce commentaire : « Gageons qu’il changera d’avis dans quelques lignes/pages par une révélation inattendue ». Au bas de la même page, bingo : « Brusquement mon tour. Je m’agenouille, me penche en avant et… Et… Et je suis saisi. » On s’attend à ce genre de retournement du début à la fin de l’ouvrage. Évidemment, cela n’invalide en rien le témoignage ou le récit en soi. Simplement, à aucun moment je n’ai été surpris. Pire, je m’attendais à tout ce qui est relaté.

Pour autant, l’auteur est loin d’écrire avec ses pieds. D’ailleurs son CV parle pour lui : multiples nominations aux Molières pour ses pièces de théâtre, prix Goncourt de la nouvelle, grand prix du théâtre de l’Académie française, membre de l’académie Goncourt, entre autres distinctions, que l’on n’obtient pas quand on écrit mal. Néanmoins, j’ai trouvé le style un peu ronflant et surfait, surtout dans « le défi de Jérusalem ». Quand je lis, en général, les envolées lyriques m’élèvent. Mais, parfois, trop de tournures et d’effet me fatiguent, rendent la lecture un peu poussive : ce fut le cas ici. Son carnet de voyage ne m’a donc pas transcendé ni enchanté outre mesure. Sur ce plan, le premier livre m’a certes plus plu que le second. Je note que je dissocie ces deux livres de son œuvre fictionnelle : je ne peux pas me faire une idée sur la bibliographie de l’auteur en ayant lu que ces deux récits autobiographiques, qui est un exercice complètement différent de la fiction. J’ai par ailleurs acquis un de ses romans phare, « L’évangile selon Pilate », que je lirai prochainement pour aborder le reste de son œuvre.

Dans « Le défi de Jérusalem » tout me parait donc téléphoné. Peut-être mon jugement est-il obscurci par le fait qu’il s’agisse d’une « commande » du Vatican : « Ici, au Vatican, nous apprécions votre foi et votre liberté. Nous aimerions beaucoup vous envoyer en Terre sainte : vous visiteriez les lieux, feriez des rencontres, et peut-être en reviendrez-vous avec un livre, le journal de votre voyage. Qu’en pensez-vous ? (p.8) »
Il est certain en revanche que s’opère une rupture en moi lorsque je lis la postface écrite par le Pape François Iᵉʳ : « Oui, la Terre sainte nous offre ce grand don : toucher littéralement de nos propres mains que le christianisme n’est pas une théorie ou une idéologie, mais l’expérience d’un fait historique. Cet évènement, cette Personne, on peut encore les rencontrer ici, dans les collines ensoleillées de Galilée, dans les étendues du désert de Judée, dans les ruelles de Jérusalem. Non pas comme une expérience purement mystique, mais comme la contre-preuve réelle que les évangiles nous ont transmis le déroulement effectif d’un fait historique, dans lequel s’est déployée la révélation définitive de Dieu à l’homme et à la femme de tous les temps : Dieu s’est incarné dans un homme, Jésus de Nazareth, pour nous annoncer que son royaume nous est proche. (p. 216) »

Bien que ce pape me soit sympathique à première vue, il y a rupture pour moi en ce qu’un livre de témoignage se transforme en instrument d’affirmation (de propagande ?) d’une croyance : ici dans la prétendue historicité des textes et du fait que l’histoire se soit réellement passée comme écrite dans les hagiographies christiques, ce que je ne crois pas (à ce sujet lire cette ancienne chronique). Le Pape ramène ici le récit d’une expérience individuelle, sonnant certes déjà un peu formatée à mon oreille, néanmoins subjective et appartenant à son auteur, à quelque chose de prétendument objectif. Cela soulève ce questionnement : À quel moment peut-on mettre en perspective son ressenti sur place si toute l’intériorité doit finalement correspondre à un témoignage qui fasse la promotion de la foi chrétienne, ou si la finalité du récit est finalement l’affirmation générale d’une croyance ou d’une institution ? Un ami avec qui je parlais de ce livre me faisait cette analogie : quelle crédibilité accorder à une étude des effets sur le tabac lorsque celle-ci est commandée par l’industrie du tabac elle-même ? On me rétorquera que l’expérience de l’auteur est bien plus large qu’une conversion religieuse, puisque ce qu’il raconte est avant tout une rencontre avec la personne même de Jésus et non une conversion au catholicisme, ce qui est vrai. Pour autant, cette rencontre a lieu dans un cadre religieux bien spécifique. Et, cela n’occulte cependant pas la gêne ressentie à la lecture de la postface : l’impression que les institutions religieuses instrumentalisent (beaucoup trop à mon goût) les expériences individuelles pour leur propre promotion ainsi que celle de leurs idées (et parfois idéologies). Ce ressenti, je ne l’ai pas eu avec « La nuit de feu », qui même s’il sert un propos, me parait subjectivement être un récit beaucoup plus intime, personnel, et surtout libre.

Bien sûr, « Le défi de Jérusalem » trouvera son public parmi la fan base d’Eric-Emmanuel Schmitt, ainsi qu’auprès d’un large public attiré par son postfacier. Quant à moi, ce n’est absolument pas mon créneau, ni dans le style ni dans la démarche. Aucun de ses livres n’est indispensable. Donc : lisez « la nuit de feu » si vous êtes curieux. « Le défi de Jérusalem » est beaucoup plus dispensable à mon sens.

Sources et pour aller plus loin:

Eric-Emmanuel Schmitt – La nuit de feu, Albin Michel, 2015.
Eric Emmanuel Schmitt – Le défi de Jérusalem, Albin Michel, 2023.

Interview d’Eric-Emmanuel Schmitt sur « La nuit de feu »: https://www.youtube.com/watch?v=m06GCJUOHTs&t=417s
Interview d’Eric-Emmanuel Schmitt sur « Le défi de Jérusalem »: https://www.youtube.com/watch?v=2L1__Bv0EX8

Mircea Eliade – Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase, Payot & rivages, 2015.

2 commentaires

  1. […] L’écrivain Éric-Emmanuel Schmitt a une formule éclairante : « Face au questionnement sur l’existence de Dieu, se présentent trois types d’individus honnêtes : le croyant qui dit : “Je ne sais pas, mais je crois que oui”, l’athée qui dit : “Je ne sais pas, mais je crois que non”, l’indifférent qui dit : “Je ne sais pas et je m’en moque.” L’escroquerie commence chez celui qui clame : “Je sais !” Qu’il affirme : “Je sais que Dieu existe” ou “Je sais que Dieu n’existe pas”, il outrepasse les pouvoirs de la raison, il vire à l’intégrisme, intégrisme religieux ou intégrisme athée, prenant le chemin funeste du fanatisme et de ses horizons de mort.” […]

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