Marie, c’est moi. Ou la matrice existentielle.

Il faut rendre à César : ce texte et cette réflexion sont la suite d’une fulgurance de Davide, mon comparse de Cosmogénèse. Merci infiniment à lui (une fois de plus) pour la fécondité et la profondeur de sa pensée.

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On a fait de Marie une madone suspendue dans l’éther, une icône figée, une femme exemplaire à coups de pureté, de silence et de résignation. Une image polie, religieusement tolérable. Une maternité idéalisée, soumise, parfois décorative. Mais Marie n’est pas cela. Elle n’est pas un modèle à imiter. Elle n’est pas un dogme à réciter. Elle n’est pas un utérus sanctifié pour les besoins d’un récit patriarcal. Elle n’est pas la vitrine d’un Dieu qui s’impose. Je ne parle pas ici comme croyant, ni comme théologien. Je parle comme corps vivant. Je parle comme être libre. Je parle depuis un lieu que personne ne peut sanctifier à ma place : mon intériorité. Marie, ce n’est pas quelqu’un à croire. C’est quelque chose à vivre. Et si elle était la matrice de chacun.e ? Non pas une femme à vénérer, mais un espace intérieur à habiter. Un lieu où quelque chose peut naître. Un refus de se laisser féconder par ce qui opprime. Une invitation à se déployer autrement.

Marie comme matrice existentielle

Et si Marie n’était pas juste un personnage parmi d’autres, mais une structure de l’être ? Pas une femme sacrée, pas une figure lointaine, mais une possibilité intime, toujours déjà là, sous les couches de bruit, d’histoire, de dogmes et d’habitudes. Une faille fertile dans le roc de ce que l’on croit être. Marie, ce n’est pas quelqu’un à rencontrer. C’est un lieu. Un espace de creux. De vide. Un vide rempli de potentiel. Pas le vide du désespoir. Pas le vide comme absence. Mais le vide comme ouverture, comme disponibilité à ce qui vient de moi, ce qui me traverse, me modifie, me révèle.

Nous avons tous en nous une zone de gestation. Une part non-encore-née. Un endroit qui ne produit rien à la demande, qui ne s’active pas sur commande, mais qui peut symboliquement être fécondé. Par quoi ? Par l’autre. Par l’imprévu. Par la douleur. Par une rencontre, un effondrement, un amour. Autrement dit, par le souffle, qui souffle où il veut et quand il veut. Par l’inattendu. Marie, dans cette lecture, ne fait pas l’objet d’un culte. Elle n’est pas non plus une personne du passé que l’on peut arrêter et figer dans un dogme ou une foi. Elle nomme cette possibilité radicale en chacun.e : être traversé.e sans être dépossédé.e. Recevoir sans se soumettre. Porter sans s’approprier.

C’est un paradoxe, presque insupportable dans notre monde où tout doit être maîtrisé, validé, calculé : il y aurait en moi un lieu que je ne contrôle pas, qui pourtant m’appartient, et dans lequel quelque chose d’essentiel peut naître, si j’accepte de ne pas le posséder. Un lieu qui échappe à la loi. À la tradition. Un lieu vierge, non parce qu’il serait pur au sens moral, mais parce qu’il est non-contaminé par le pouvoir, par les jeux d’influence. Un lieu non saturé de discours. Non balisé. Et dans ce lieu, je peux être fécondé, non par Joseph, non par Rome, non par l’Église, non par les codes de genre ou les grilles d’analyse, mais par le Réel. Le Réel quand il fend l’existence. Le Réel quand il surgit dans un regard, un effondrement, un cri, un sourire, un instant partagé, etc.

On a fait de Marie une statue. On lui a fermé les jambes. On l’a clouée dans une posture d’éternelle obéissance. Par sa pureté et sa loyauté, dit-on, elle aurait été jugée digne par Dieu de porter son enfant. Mais c’est un contresens. Marie, c’est le corps qui accueille sans appartenir. C’est la matrice de l’inattendu. C’est la cavité du devenir. Surtout, si Marie est une femme, le symbole de la matrice est lui universel. Ce langage-là a été accolé à l’appareil génital féminin, aux chromosomes, aux catégories. Il est temps d’élargir les conceptions : la matrice n’est pas un utérus biologique. C’est une attitude intérieure. Une disponibilité. Une brèche. C’est peut-être même une blessure. Un endroit fragilisé, vulnérable, que je n’ai jamais pu refermer, et dans lequel quelque chose d’essentiel pourrait naître si je cessais de le barricader.

Et puis il y a cette question : qu’est-ce qui me féconde ? Qu’est-ce qui entre en moi ? Qu’est-ce que je laisse m’habiter ? Est-ce que ce sont les mots des autres ? Les devoirs ? Les traditions ? Ou bien est-ce que je m’ouvre à quelque chose de plus nu, de plus risqué, de plus libre ? On pense souvent que naître à soi, ça passe par un effort, une conquête, une affirmation. Mais peut-être que ça commence ailleurs : dans la capacité d’accueillir sans posséder, de porter sans retenir, de laisser croître sans savoir ce que ce sera.

Marie n’est pas la vierge effacée des catéchismes. Elle est ce lieu libre, vivant, en moi, où le monde peut passer. Où le monde peut naître autrement. Elle est la matrice de ma propre renaissance. Elle est la chambre intérieure du refus de l’assignation. Elle est cette part de moi qui dit : « J’ignore ce que c’est. J’ignore ce que je deviens. Mais j’accepte de porter cela. De le mettre au monde. »

Ni soumission, ni appropriation

La virginité, telle qu’elle est souvent racontée, sent le renfermé. Elle traîne derrière elle tout un cortège de normes morales, de fantasmes de pureté, de terreurs masculines déguisées en dogmes. Mais ici, elle n’est rien de tout cela. Elle n’est ni soumission, ni perfection morale, ni refus de la chair. Elle est un refus d’être colonisé.e. Un refus de se laisser définir par les récits dominants, qu’ils soient religieux, sociaux ou familiaux. La virginité, dans cette lecture, devient le nom d’un espace intérieur qui résiste à toute appropriation. Un espace qui n’appartient ni au père, ni au mari, ni à l’histoire. Un espace non assigné, qui n’a pas encore été annexé par les logiques d’héritage, de transmission, de reproduction.

Marie, en ce sens, est radicalement insoumise. Elle ne reçoit pas la semence d’un homme, ni l’autorité d’une loi. Elle ne répond à aucune convocation patriarcale. Elle se tient à côté. Elle est hors cadre. Et c’est précisément ce hors-cadre qui devient fécond. Ce n’est pas Joseph qui la rend mère. Ce n’est pas un homme qui valide son devenir. C’est un surgissement qui ne vient de personne, qui ne vient pas des cadres établis, qui ne passe par aucun canal de pouvoir, et qui pourtant transforme tout. Il y a là un geste anarchique : échapper à la filiation imposée, au besoin de légitimation, à la narration balisée. C’est dire : je ne dois rien à ceux qui croient m’avoir engendré.

Il existe en moi un lieu que nul ne possède, et que je n’ai même pas besoin de défendre. Il est vierge parce qu’il est libre. Et cette liberté-là n’est pas une frontière. Elle est une porosité choisie. Elle accueille sans s’agenouiller. Elle reçoit sans renoncer à soi. Elle permet la fécondation, oui, mais à condition que ce qui vient ne prenne pas possession. Elle fait place, sans se laisser prendre. C’est une hospitalité sans annexion. Une offrande sans aliénation. La virginité devient alors un acte de résistance : non pas la peur du corps, mais la protection d’une intériorité inviolable, non pas par tabou, mais par dignité.

Une manière de dire : ce que je porte en moi, je ne le laisserai pas être récupéré, utilisé, digéré par les systèmes qui s’empressent de tout nommer. Ce que je porte en moi, je le laisse advenir selon ses propres lois. Marie ne dit pas oui à Joseph. Elle ne dit pas oui à César. Elle dit oui à ce qui n’a pas de nom, pas d’origine, pas de filiation tracée. Elle dit oui à l’inattendu. Et ce oui-là est peut-être l’acte de liberté le plus pur que la tradition ait jamais étouffé sous des tonnes d’encens.

Une figure spirituelle libertaire

Si l’on dépouille Marie des couches de dogme, d’iconographie et de théologie officielle, ce qui demeure, c’est donc une figure insoumise. Pas l’insoumission qui crie, qui casse, qui s’oppose frontalement. Mais celle, plus radicale encore, qui échappe. Marie ne se conforme pas. Elle ne rentre pas dans les cases prévues. Elle ne coche aucune des options proposées par les autorités de son temps. Et surtout, elle n’attend pas qu’on l’autorise à être ce qu’elle est.

C’est ici que son geste rejoint celui de l’anarchisme comme je l’envisage : dans ce refus des structures qui imposent le sens depuis l’extérieur, dans cette capacité à vivre sans devoir demander la permission. Elle ne fait pas sécession pour se replier sur elle-même, mais pour choisir les conditions de son engagement au monde. Ce qu’elle accueille, elle ne l’accueille pas en tant que fonction (mère, épouse, servante), mais en tant que sujet libre. Son consentement n’est pas cantonné à un rôle. C’est un acte inaugural, un déplacement du pouvoir. Elle déjoue le dispositif.

Dans les récits traditionnels, tout est organisé pour qu’un sens préexiste à la vie. Il faut savoir d’où l’on vient, ce que l’on vaut, à qui l’on appartient. Marie, elle, déjoue cette logique. Elle n’a pas besoin d’origine reconnue. Elle n’a pas besoin d’une parole validante. Elle n’a pas besoin de passer par les relais habituels de la légitimation. Elle n’attend pas qu’un homme dise « c’est bien ». Elle n’attend pas qu’un Dieu la sanctifie. Elle fait place à ce qui vient, et ce geste-là suffit à justifier le monde. C’est une maternité sans contrat. Une création sans plan. Une puissance sans propriétaire. Elle ne revendique pas l’autorité. Elle ne fonde pas de doctrine. Elle accouche, simplement. Non pas au sens figuré, ni dans une posture mystique désincarnée. Elle accouche, vraiment, de ce qui la traverse sans que cela lui soit dicté. Et c’est peut-être cela, la spiritualité anarchiste : non pas une négation du sacré, mais une refondation du sacré dans l’expérience nue, dans l’acte brut d’habiter le monde depuis soi, sans médiation avec ce que l’on nommerait le divin.

Marie devient ainsi le modèle discret d’un devenir autonome. Elle ne détruit pas le cadre : elle le rend obsolète. Elle ne le confronte pas : elle le dépasse en silence. Dans son geste, il n’y a pas de conquête, pas de prise de pouvoir, mais un mouvement de fond, irréversible : dire oui à une altérité sans se nier. Et dans ce oui, il y a toute la force d’un refus. Le refus de se laisser dire ce que signifie naître, croire, enfanter, aimer. Le refus de toute autorité qui viendrait surplomber l’expérience. En ce sens, Marie n’est pas l’anti-institution. Elle est l’en deçà et l’au-delà de toute institution. Elle rappelle que personne n’a le monopole de l’origine, que personne ne peut parler à notre place, que nul n’est habilité à valider ou à invalider notre capacité à porter du vivant.

Marie et Jésus comme miroirs de l’intériorité

On a souvent opposé Marie et Jésus : la mère douce et silencieuse, et le fils incandescent, radical, révolutionnaire. Mais si l’on cesse de les lire comme deux personnages historiques et qu’on les considère comme deux figures de l’être, alors quelque chose bascule. Ils deviennent deux facettes d’un même processus, deux visages du même mouvement : celui par lequel un être humain accepte de naître à lui-même en échappant aux récits qui le précèdent.

Jésus ne naît pas seulement de Marie : il naît de la disponibilité qu’elle incarne, de ce vide fertile qu’elle assume. Et de la même manière, chacun.e de nous ne naît pas simplement de corps biologiques ou d’héritages sociaux. Nous naissons, vraiment, chaque fois que nous avons le courage de devenir. Et ce devenir-là ne se transmet pas par le sang, mais par un saut, un arrachement, une dérive, un refus du script. Jésus, dans les évangiles, quitte sa tradition. Il en connaît les codes, les textes, les prières. Il a grandi dedans. Et pourtant, il en sort. Il trahit ses pères. Il désobéit aux gardiens du temple. Il s’inscrit en faux contre les certitudes. Il n’est pas un prolongement fidèle de ce qui l’a engendré. Il est une infidélité féconde. Une brèche. Une dérive. Il transgresse le shabbat, devient ami des exclus, purifie les jugés impurs, rendant ainsi caduques les règles. Et cette dérive, il la doit à un espace qui l’a porté sans le retenir. Un ventre qui ne l’a pas formaté. Une matrice qui a laissé croître en lui ce qui ne ressemblait à rien. Cette matrice, c’est Marie. Non pas la mère biologique au sens restreint, mais l’espace symbolique d’une naissance non assignée. Elle ne dit pas à Jésus ce qu’il doit être. Elle ne le programme pas. Elle le laisse aller. Elle s’éclipse, sans disparaître. Elle accompagne. Elle rend possible un devenir qui ne sera pas une répétition.

C’est cela, le miroir : Marie est le vide qui accueille, et Jésus est le plein qui déborde. Elle est la matrice, il est le mouvement. Elle est le silence qui permet, il est la parole qui fracture. Mais ils ne s’opposent pas. Ils s’appartiennent symboliquement. Car ce que Jésus ose faire (sortir, transgresser, dériver) n’est possible que parce qu’un espace intérieur en lui l’a laissé émerger. Et cet espace, chacun.e le porte. Jésus, dès lors, n’est pas un modèle moral, ni un sauveur suspendu entre ciel et terre. Il est la figure de ce que nous pouvons devenir, lorsque nous acceptons de rompre. Rompre avec la famille, avec les rôles, avec les traditions qui nous emprisonnent, même si elles nous aiment. Il est l’enfant de la désobéissance créatrice, le fils de personne, et donc le frère de tous.

Marie n’est pas la mère sacrée de ce fils exceptionnel. Elle est le lieu sans propriétaire où ce type de naissance devient possible. Elle est l’utérus de la désertion. Elle n’a pas transmis un dogme. Elle a permis une fuite. Et c’est peut-être cela, la véritable fécondité : non pas transmettre une vérité, mais créer les conditions d’un exode.

Accoucher de soi !

Si Marie est en chacun.e comme matrice intérieure, alors il ne s’agit pas seulement d’une image ou d’une méditation symbolique. Il s’agit d’un appel à vivre autrement. Un appel à reconnaître en soi ce lieu non encore abîmé, cet espace que ni les injonctions, ni les peurs, ni les rôles n’ont entièrement colonisé. Il existe, en dessous des habitudes, des fidélités forcées, des récits d’appartenance, un territoire vierge. Vierge, non parce qu’il serait pur, mais parce qu’il échappe encore à l’appropriation. Un repli intérieur non négociable, non récupérable, qui résiste aux assignations et qui peut devenir lieu de naissance, si on y prête attention.

Mais cette naissance n’est pas seulement une affaire de silence et de conscience. Elle a des conséquences. Elle oblige. Elle expose. Car accoucher de soi, cela signifie aussi cesser d’être fécondé par les forces qui nous dominent. C’est refuser d’ouvrir sa matrice à n’importe quelle parole d’autorité. C’est discerner, au cœur de toutes les traditions qui nous traversent (religieuses, familiales, nationales, etc.) ce qui mérite d’être reçu, et ce qui doit être quitté. On ne naît pas libre en répétant ce qu’on nous a légué. On naît libre en choisissant ses propres filiations, en s’autorisant à les tordre, à les réécrire, à les laisser inachevées.

Ce travail intérieur, s’il est sincère, ne peut pas rester enfermé dans le moi. Il déborde forcément. Il engage une autre manière d’être en lien. Si j’ai en moi une matrice libre, alors je reconnais que l’autre aussi en a une. Et je ne peux plus faire intrusion. Je ne peux plus projeter, plaquer, pénétrer sans invitation. Ce que je découvre en moi comme espace sacré, au sens de l’inviolable, de l’irréductible, je dois aussi le reconnaître en l’autre comme opaque, autonome, habité d’une altérité que je ne peux ni capturer ni interpréter à sa place.

Ainsi, vivre à partir de cette matrice, ce n’est pas se protéger dans une bulle. C’est s’ouvrir autrement. C’est entrer en relation non plus sur le mode de la prise, mais sur celui de la résonance. Ne plus imposer son sens, mais écouter ce qui se trame chez l’autre. Se rendre disponible, non pour convertir ou façonner, mais pour accueillir ce qui cherche à naître en face de soi. Cela suppose de renoncer au pouvoir et à l’influence. Même au pouvoir bienveillant. Même à celui qui se veut sage ou éclairé. Car la matrice de l’autre n’a pas besoin de mes lumières : elle a besoin de mon retrait actif, de mon attention, de mon silence fertile.

Accoucher de soi, alors, ce n’est pas accomplir un grand geste spectaculaire. C’est un travail discret, courageux, continu. C’est refuser d’être façonné de l’extérieur, sans pour autant devenir imperméable. C’est s’ouvrir, mais en choisissant à quoi. C’est accueillir, mais sans renoncer à soi. C’est marcher dans le monde comme un être poreux, mais pas passif. Capable de se laisser féconder, mais sans jamais se laisser posséder.

Conclusion : ouvrir l’espace

Alors non, Marie ne parle presque pas. Elle ne s’explique pas, elle ne commente pas ce qui lui arrive. Et peut-être est-ce là son geste le plus puissant : elle ne se met pas entre le mystère et ce qui cherche à naître. Elle ne fait pas écran. Elle ne prend pas le pouvoir sur ce qu’elle porte. Elle ne théorise pas. Elle rend possible.

Et ce possible, aujourd’hui encore, nous le portons.

Ce n’est pas un dogme. Ce n’est pas un article de foi. C’est une expérience. Celle de sentir, au plus intime, qu’il existe en nous un lieu disponible au réel, un seuil à partir duquel tout peut recommencer autrement. Cet espace-là, que les récits religieux ont parfois confisqué, ou travesti, ou recouvert de symboles encombrants, il nous revient. Il est à nous. Il est en nous.

Ce que Marie nous rappelle, ce n’est pas une histoire ancienne. C’est une invitation présente. Une manière de se tenir au monde. Non pas en surplomb, ni en retrait, mais dans la traversée même de ce qui advient. Avec cette audace douce qui dit : j’ignore ce que c’est, mais je suis là. J’ignore ce que je deviens, mais je suis à l’écoute. Je ne maîtrise pas, mais j’ouvre.

Et peut-être que c’est cela tout simplement que Marie nous transmet : ne pas imposer sa forme, mais accueillir ce qui cherche à naître, en soi, autour de soi, au cœur du monde. Avec la tendresse d’un silence habité. La force d’un ventre qui ne ment pas.

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